"L’apiculture moderne se trouve-t-elle engagée dans une bonne voie ?"

« L’apiculture moderne se trouve-t-elle engagée dans une bonne voie?
Rien ne permet de le supposer. L’homme a la main malheureuse et est toujours compétent pour saccager et anéantir les plus belles créations de la Nature. »

Les Fléaux de l’Apiculture dans l’Apiculteur- nov. 1921 R. Macquinghen

Disparition des abeilles

Ce site dédié à l’abeille et à l’apiculture ne vous mènera pas à récolter 40 kg de miel sur une seule ruche mais pose la question :comment en sommes-nous arrivés à craindre la disparition d’un insecte indispensable à la vie du monde végétal et animal ?

Il se penchera sur différentes sciences telles la biologie et la pathologie des abeilles que l’apiculture moderne ignore pour un seul objectif : le rendement. Ce site proposera une méthode simple et naturelle de pratiquer l’apiculture.

En effet les besoins et les qualités nécessaires d’une alimentation conforme pour maintenir les abeilles en bonne santé et propres à résister aux maladies et parasites dont elles sont la cible sont devenus dans l’apiculture moderne secondaires et l’on compte sur les laboratoires pour résoudre les nombreux problèmes que ce mode d’apiculture a provoqués.

Les seules recettes contre les maladies sont les médicaments mais jamais il n’est question des causes et encore moins de pathologie !

Nous croyons que la généralisation de la production intensive tant dans les cultures, les élevages, apiculture comprise, est la principale cause responsable de cette disparition conséquence de son affaiblissement, l’utilisation massive et presque généralisée de pesticides/insecticides dans l’agriculture étant le facteur principal de l’agriculture intensive et le plus nocif, non seulement pour l’abeille mais à tous les consommateurs de ses produits .

La principale conséquence de l’intensification de la production à tous les niveaux sur le matériel vivant est la quasi-banalisation des maladies. Le taux de cancer n’a jamais été aussi élevé qu’en cette période, sans compter les accidents cardio-vasculaires, les grippes porcines, avicoles, maladies bovines et épidémies provoquées par ces modes d’élevage.

Dans ce monde de « rapaces », il y a malgré tout quelques apiculteurs, peut-être plus sages, qui pratiquent une apiculture « à visage humain » en tenant compte des besoins naturels des abeilles et qui réussissent malgré les moqueries dont je suppose, ils doivent être la cible – j’ai connu cà, il y a 30/40 ans lorsque je faisais de la culture biologique alors marginale, et qui dans les écoles d’agriculture était pour le moins désavouée et totalement déconseillée. (« C’est notre prof qui nous l’a dit! » me disait mon jeune voisin qui sortait d’une telle école.)

Une apiculture simple existe encore et qu’une fois compris le fonctionnement naturel d’un essaim dans son habitation, il devient inutile de suivre les cours qu’une apiculture compliquée oblige.

Ceci prouve que l’on peut vivre en coopérant, protégeant et respectant les besoins premiers de l’abeille et non à ses dépens, tout comme on peut vivre de la nature sans l’exploiter inconsidérément, en équilibre avec elle. Que l’on peut aimer les abeilles ET le miel sans les voler, piller les réserves qu’elles se sont constituées.

Une simple question de partage, d’éthique, de respect des équilibres et de celles qui travaillent et récoltent. Nous pouvons voir, à travers l’histoire des ruches et de l’apiculture, que la biologie de l’abeille devint secondaire vis à vis des facilités que procuraient la ruche à cadres pour l’apiculteur et l’on se préoccupa davantage de son bien-être que de celui de celles qui auraient dues être ses protégées.

L'ère Industrielle

Dans l’histoire, les 19e et 20e siècles ont vu une révolution qui transforma totalement nos modes de vie et nos rapports avec la nature. L’homme prétendit la dominer et se crut ne plus faire partie intégrante de celle-ci.

La motorisation aidant, l’agriculture ne fut pas épargnée par cette transformation et devint une industrie florissante quant aux rendements parce qu’intensive mais destructrice quant à l’environnement, la qualité des produits, la flore, la faune et plus insidieusement de la vie humaine (cancers et maladie de Parkinson plus nombreux chez les agriculteurs, aliments altérés par la présence de traces de pesticides, etc…).

Le paysan devenu cultivateur, agriculteur puis exploitant agricole pour ne pas dire exploiteur en agriculture, ne s’intéressa plus guère à la terre mais la considéra désormais comme un support et la noya d’engrais liquides ou lui fit absorber des tonnes de granulés conjointement avec des insecticides et pesticides baptisés « produits phytho-sanitaires » alors que sa production était polluée par ces mêmes éléments.

Un seul but: le rendement associé au profit; il ne s’agissait plus de gagner sa vie mais d’engranger coûte que coûte, immédiatement, sans considération de l’avenir et des dégâts occasionnés pouvant être définis comme en temps de guerre de dommages collatéraux.

L’apiculture, petite sœur de l’agriculture et de l’élevage suivaient ainsi le même parcours; comme ces dernières, prise de frénésie pour ses machines jusqu’à en devenir esclave ne vit plus que les exigences de celles-ci en oubliant celles de l’insecte qui la faisait vivre.

Vers une apiculture équitable

Au lieu d’attendre que nos têtes emplies de théories et de calculs ait enfin créer tels de nouveaux Frankenstein, une nouvelle abeille OGM issue de leurs laboratoires, il me semble plus réaliste de parier sur ce qui existe aujourd’hui et de donner à nos colonies une vie plus proche de ce qu’elles connaissent à l’état sauvage qui leur donnera plus de résistance pour affronter les désordres de leur environnement et que l’apiculture dite « moderne » leur apporte.

Cette apiculture n’est pas nouvelle car elle a pris forme, d’abord par des observations minutieuses, puis grâce aux expériences, aux comparaisons et aux pratiques de nombreux apiculteurs du passé, conscients des dangers que les méthodes dites modernes pouvaient créer. Acquis à une saine évolution pour ne pas rester figés dans un archaïsme dépassé qui nécessitaient souvent la destruction des colonies, ils ont su faire rimer « abeille ET miel« .

De nos jours, après avoir pratiqué des méthodes « modernes », plusieurs apiculteurs professionnels se sont reconvertis à l’apiculture écologique et nous font bénéficier de leurs expériences; ils sont tous satisfaits de leur choix et ne sont jamais revenus à leurs premières pratiques.

Cette méthode assure:

  • une rémunération équitable à l’abeille en lui laissant consommer son miel, ce qui lui permet d’augmenter ses défenses immunitaires et ce conjointement à un habitat sain conforme à son écologie;
  • un miel moins abondant pour l’apiculteur mais d’une qualité supérieure, totalement dépourvu de produits chimiques introduits pour lutter contre les maladies ou parasites, ou par les cires gaufrées pour leur conservation;
  • une exploitation simple accessible aussitôt le projet lancé, sans les complications liées aux cadres: montage, entretien, changement, surveillance par ouverture des ruches et extraction pour inspection, etc… car les cires sont changées automatiquement par des neuves issues des cirières;
  • un apprentissage gradué de la pratique suivant une réflexion personnelle pour d’éventuels changements ou améliorations;
  • une récolte du miel où peut-être vous en aurez les doigts couverts mais qui n’auront jamais été blessés par le montage des fils inox sur les cadres, par les efforts nécessaires pour les tendre et les coups de marteau.

Par sa fixité et son exploitation entièrement tournée vers une production intensive, elle ne peut prendre en compte les découvertes faites par des naturalistes, biologistes, pathologistes ou chercheurs qui montrent par exemple que des maladies sont la cause d’une nourriture inadaptée ou issue d’un miel d’une monoculture florale, d’une exploitation inadéquate liée aux cadres, enfin toutes informations qui pourraient soit la modifier vers une apiculture plus naturelle, soit modifier la finalité qui prendrait en compte tous les paramètres autres que celui de l’économie sonnante et trébuchante.

Pour une bonne gestion de l’apiculture, nous devrons donc prendre en considération, non pas seulement l’aspect économique mais aussi toutes les conditions dans lesquelles vit l’essaim, le biotope dans lequel il évolue et dans lequel la ruche est placée, afin de donner à l’abeille toutes les garanties de bien vivre et de santé qu’elle mérite.

Tel est le but de cette nouvelle apiculture.

Cette apiculture ne considère pas le profit comme l’unique but de cette activité mais envisage sa rentabilité globale c’est à dire en temps, matériel engagé, en considérant la santé de l’abeille, la pollution engendrée et la qualité des produits récoltés selon une éthique, une philosophie et une pratique respectueuses des équilibres favorables à une vie consciente et responsable.

Il sera rechercher :

  • des conditions naturelles d’habitat et de vie des abeilles,
  • le maintien d’une dynamique propre aux insectes sociaux: la stigmergie
  • la nécessité d’avoir des colonies fortes, conformes à la grandeur d’un habitat qui dans la nature lui sont favorables.

L’apiculture écologique d’aujourd’hui deviendra t-elle l’apiculture moderne de demain ?

Pourquoi une apiculture écologique et sauvage ?

De tous temps et à ce jour avec les varroas, des apiculteurs ont remarqué que des abeilles sauvages échappaient aux épizooties qui atteignaient les ruchers exploités.

Dans aucun ouvrage des auteurs antiques, il n’est fait mention de graves épizooties concernant les apidés, seulement des maladies aujourd’hui reconnues.

Les premières grandes destructions de ruches proviennent de l’invasion du sphinx atropos, apparus lors de l’introduction de la pomme de terre sous le règne de Louis XIV. Celui-ci refit parler de lui au cours des siècles suivants. Bien qu’inconnu des abeilles à son arrivée en Europe, les abeilles savent et ont appris à s’en défendre; espérons qu’il en sera de même pour le varroa et le frelon asiatique.

Ce fait n’est pas confirmé par Georges de Layens qui prétend que le phynx atropos était présent avant l’arrivée de la pomme de terre et que celui-ci trouvait d’autres solanées comme la douce-amère, la morelle noire, pour se développer.

Les animaux sauvages confrontés à la sélection naturelle développe une résistance que n’ont pas en général nos animaux domestiques élevés pour les besoins de l’homme dans des conditions non naturelles.

Pour l’abeille, il devient nécessaire de se tourner vers une apiculture simple respectant les caractères obligatoires d’une colonie sauvage pour qu’elle garde ces dispositions à combattre par elle-même les dangers qui la menacent:

  • considérer l’essaim et ses cires construites par lui-même comme une entité;
  • laisser agir la sélection naturelle afin de pouvoir sélectionner les souches les plus résistantes;
  • donner la priorité au développement du couvain afin de créer des colonies fortes et dynamiques et non à la production de miel;
  • aux agressions naturelles n’ajoutons pas celles dûes par l’enfumage et les interventions.

Nous tenterons donc de donner à nos colonies un habitat et une exploitation les plus conformes à ce qu’elles peuvent trouver dans la nature, c’est à dire:

  • un habitat rond, sans artifice tel que barrettes ou cadres;
  • une organisation libre de toute contrainte pouvant être apportée par l’apiculteur;
  • un suivi de la bonne marche de la colonie par une posssibilité d’observation sans ouverture de la ruche;
  • sans nourissement constitué de sucre industriel;
  • une récolte sans intervention au sein de la colonie qui sera le miel non consommé durant l’hiver.

Pourquoi les curés de campagne doivent cultiver les abeilles ?

A cette question souvent posée, voici la réponse que je crois utile de donner de mon mieux :

  • 1) il tend à élever l’esprit;
  • 2) il procure un exercice facile et salutaire;
  • 3)il fournit à la table le plus pur nectar des fleurs.

Extrait de Bee Keepers Magazine

Sources :
  • Michel CARDINAUX- L'homme et l'abeille
  • Alain CHARLIER- Élevage biologique des abeilles
  • COLLECTIF- Traité Rustica de l'apiculture
  • Jean-Marie FRERES et Jean-Claude GUILLAUME- L'apiculture de A à Z
  • Henri HAMET- L'apiculteur
  • Jean HURPIN- L'apiculture
  • Jean-Marie PELT- Les languages secrets de la nature