Les abeilles produisent le plus doux produit qui soit, qui plaît et aux dieux et aux hommes: le rayon arrive sur les autels et l’on sert le miel au début des repas et aux desserts – Varron- Économie rurale III,16-5

Production

Le nectar récolté par l’abeille descend dans son jabot où, sous l’action de la salive et du suc gastrique, se transforme en miel.

Seul le sucre est concerné par cette transformation et le miel conserve tous les principes tirés de son origine, notamment le parfum de la fleur, ses propriétés médicinales, souvent sa couleur, et même l’ensemble des divers éléments formant le goût du terroir que les véritables connaisseurs savent si bien apprécier.

Enfin les abeilles utilisent également le suc des glandes de certains pucerons qui ne donnent avec la mêlée qu’un miel de qualité inférieure à celui qu’elles butinent dans le calice des fleurs.

Parmi les nombreuses obligations, pour être qualifié « biologique », celui-ci doit provenir d’une ruche dont le nourrissement ne peut être fait qu’avec du miel.
voir conditions

Composition et propriétés

  • glucides (lévulose: 38% du poids du miel, glucose: 31%, saccharose: 1.5%, maltose: 7.5%, isomaltose, nigérose, turanose, maltulose, isomaltulose, leucrose, kojibiose, néotréhalose, gentiobiose, laminaribiose, mélésitose, erlose, 1-kertose, dextrantriose, raffinose, isopanose, isomaltotétraose, 6-a-glucosylsaccharose, arabogalactomannane, isomaltopentaose, panose, maltotriose, isomaltotriose, 3-a-isomaltosylglucose, centose etc),
  • vitamines (B1, B2, B3, B5,B6,B8 ,B9,…);
  • protides (peptones, albumines, globulines, nucléo-protéines…) ;
  • acides (gluconique, acétique, citrique, lactique, malique, oxalique, butyrique, pyroglutamique, succinique, formique, chlorhydrique, phosphorique…) ;
  • enzymes (invertase, amylase, b-amylase, a-glucosidase, glucose–oxydase, catalase, phosphatase…) ;
  • sels minéraux (magnésium, phosphore, calcium, fer, sodium, cuivre, manganèse, chlore, potassium, soufre, silicium…).

Donc composition rien à voir avec celle du sirop de sucre destiné au nourrissement !

Le miel est un antiseptique puissant, un conservateur, un émollient voire un soporifique et un adoucissant.

Classification

Selon J. C. Guillaume :

Le miel vierge le meilleur et le plus pur, qui provient soit des ruches naturelles et sauvages, soit des ruchers écologiques ou assimilées dont le miel est récolté par gravité dans des cires de moins de 3 mois. introuvable sur le marché
le miel sauvage miel récolté par gravité sur des cires de plus de 12 mois et
dans la deuxième année, âge maximum des cires en apiculture écologique. miel artisanal des anciens, introuvable sur le marché.

Le miel ordinaire provient des ruches modernes avec cadres de cire, extrait par centrifugeuse. miel courant sur le marché le miel industriel différents miels mélangés et traités pour tous les usages.

C’est produire un miel sauvage artisanal comparable à celui des anciens que les abeilles de J.Cl. Guillaume produisent. Ce miel est conforme aux critères appliqués au miel biologique… et peut-être au delà !

Au XIXe siècle, le miel était classé selon sa qualité et le plus apprécié était celui en rayons; ensuite venait le miel coulé récolté par gravité à travers un tamis puis le miel de presse obtenu par pression et considéré comme un miel de seconde qualité. Ce sont ces types de miel qui pourront être récoltés dans la ruche sauvage.

Par leur couleur, les miels étaient classés en « miel blanc », le plus apprécié et en miels « rouges ».

La France d’alors avait des régions aux caractères bien marqués et les miels régionaux avaient leur réputation: les miels supérieurs venaient du Gâtinais grâce à ses cultures de sainfoin, Narbonne pour son miel provenant des garrigues et Chamonix, pour son miel de montagne.

Récolte du miel

Avant l’invention de l’extracteur, le miel était soit consommé en rayons, soit égoutté à travers une étamine ou encore récolté après pressage.

Aujourd’hui, en apiculture écologique où il n’est pas utilisé de cadres, la récolte se fait par broyage des cires. Le miel s’écoule par gravité à travers un filtre et est aussitôt mis en pots.

Il ne subit ni traitement, ni manipulation brutale par sa projection hors des cellules par la force centrifuge contre les parois de l’extracteur. Il ne passe pas non plus par l’étape du maturateur qui est inutile: c’est du miel brut.

Ce miel peut aussi être présenté en rayons, la cire étant la plus pure que l’on puisse obtenir.

Les fraudes

Anciennement les fraudes consistaient à ajouter de l’eau, du sirop de glucose, de la farine ou de l’amidon au miel.

Certains autres apiculteurs donnaient du sirop de sucre comme nourriture aux abeilles; elles emmagasinaient le miel issu de celui-ci qui mélangé au miel issu du nectar des fleurs augmentait la récolte de l’apiculteur.

Au XIXe siècle, lorsque le prix du miel était au plus haut, à cause d’une mauvaise année, les industriels mélangeaient le miel du Chili à celui des Landes et le vendaient comme provenant de cette dernière contrée; il augmentait ainsi de 30 à 40% sa valeur. Les procès furent nombreux pour livraison de miel n’ayant pas l’origine déclarée.

Ces fraudes peuvent être démasquées par analyse mais elles sont toujours courantes; acheter des miels à bas prix venant d’Asie ou d’autres continents et de les mélanger ou non à du miel « toutes fleurs », vendu au prix fort, « récolté par ledit apiculteur » est toujours d’actualité.

Le miel en cuisine

Le miel entre dans de nombreuses pâtisseries: pains d’épices, nonnettes, tourons, cœurs d’Arras… mais aussi bonbons, caramels, pastilles, nougats, confitures, fruits confits…

Il est à noter que dans le passé, les recettes avec du miel étaient extrêmement nombreuses et les produits présentés très variés- voir concours apicoles.

Aujourd’hui, dans les pains d’épices, le miel est souvent remplacé par de la mélasse de canne à sucre, et les produits où entre du miel sont très limités, ce dernier étant remplacé par du vulgaire sucre blanc, voire de la saccharose.

Boissons à base de miel

vin de miel

Ici le fameux vin de miel jaune

Le miel entrait dans de nombreuses boissons: l’hydromel, le thalassomel, le mélitite employé quelquefois en médecine, l’eau miellée, le miod, le mulsum, sorte d’élixir de longue-vie, le rhodomel, l’œnomel.

Les vins généreux étaient additionnés de miel afin de les temporiser; c’était le cas du Cécube, du Falerne, du Formies, etc…. D’autres fois c’était pour en corriger l’âpreté.

Ce mélange se nommait mulsum en latin; il tenait dans les festins la place qu’occupent chez nous les vins vieux. On en buvait au début du repas, d’où le nom de promulsis. Seules dans les maisons riches, celui-ci était accessible. Et dans « le Satyricon », Trimalchion en offre à ses invités dans l’ordonnance de son festin!

Au banquet offert par l’Etat en l’honneur des Triomphateurs, il en était servi dans le temple d’Hercule.

Les généraux en distribuaient aux soldats le jour de leur triomphe, les riches romains en faisaient de même au peuple, en signe de réjouissance.
Il conduisait à une longue vieillesse, selon Pline.

En 1868, on pouvait déguster comme boissons issues du miel:
vins divers, liqueurs dont certaines au café et brou de noix, au cassis et orange, fruits conservés dans du miel, divers hydromels dont certains parfumés à la vanille, chartreuses, cognac au miel, anisette, champagne, eau-de-vie, esprit de miel, vinaigre.

L’histoire de l’hydromel

Odin est le dieu de la poésie et ne parle qu’en vers; il lui appartient de distribuer le don d’écriture et d’inspiration et accorde à l’un de ses favoris le don de versifier aussi vite qu’il parle.

Il fournit le précieux hydromel de l’inspiration poétique aux dieux et aux hommes. Cette boisson a été inventée par les nains à partir du sang du sage Kvasir pour qui il n’existe pas de question à laquelle il ne puisse répondre; après une guerre où les Aésir et les Vanir se sont entre tués, il est devenu le symbole de paix entre les deux partis.

Kvasir, tué par deux nains alors qu’il allait partout répandre la connaissance, mélangèrent son sang à du miel créant ainsi un merveilleux breuvage qui confère à celui qui le boit d’écrire des poèmes et de prononcer de sages paroles.

Plus tard, un géant nommé Suttug dont les nains avaient tué les parents, enlève l’hydromel. Odin, par ruse, s’approprie la boisson et séduit la fille du géant Gunnlod qui est chargée de veiller sur l’élixir.

Elle lui en laisse boire trois gorgées mais Odin avale le tout et s’enfuit transformé en aigle pour rejoindre Asgard où il régurgite le liquide. Quelques gouttes tombent en dehors de la cité: c’est la part qui revient aux hommes.

Œnomel

Lorsque le vin commence à fermenter et que sa température atteint 25°, ajouter 25 g. de miel par degré supplémentaire désiré et par litre. Le vin prend l’allure d’un vin vieux.

Le chuat

Dans le Caucase, les Tcherkesses fabriquaient une boisson composée ordinairement de farine de millet et quelques graines de menthe. Celle-ci était prise le matin et en plus grande quantité, à la fête des abeilles. Celui-ci était offert à la divinité et distribué ensuite à toute l’assistance.

Autres boissons

Le miel sert à sucrer tisanes, grogs, lait.

Le miel en médecine

Hippocrate prescrivait du chou cuit avec du miel contre la colique et la dysenterie et Aristote conseille son usage contre les maladies des yeux.

Pline nous dit qu’un miel d’Arabie nommé saccharon, blanc et cassant, recueilli sur les roseaux, ne servait qu’en médicament.

De la bile d’aigle et du miel attique en cataplasme sur les yeux redonne une vue perçante.

Un mélange de miel et de raifort soigne la toux, avec du pavot et du vinaigre, diminue les enflures et avec de l’oignon ou de l’ail, soigne les morsures de chien et de serpent, avec la laitue, ce sont les affections de poitrine qui sont guéries.

A la question faite à Démocrite « Comment vivre en bonne santé? », il répondit: « En s’humectant l’intérieur de miel et l’extérieur d’huile. »

A Rome, les athlètes absorbaient du miel avant de pénétrer dans l’arène.
Pline rapporte que le miel avait la réputation de prolonger la vie.

l’oxymel- vinaigre de miel- est utilisé pour les maux d’oreilles, de bouche et de gorge.

Le miel entrait dans la composition de nombreux médicaments qu’il serait fastidieux d’énumérer ici.

Soranos nous apprend que les abeilles venaient déposer leur miel sur la tombe d’Hippocrate et que les mères et nourrices trouvaient en ce miel un médicament contre les aphtes de leurs enfants.

Grâce à ses nombreuses vertus et ses propriétés antibiotiques, il entrait dans de nombreuses compositions pharmaceutiques contre les digestions difficiles, les maladies des reins, du foie, de la vessie, contre la phtisie, les rhumes, maux de gorge, influenza, toux, angines, bronchites, catarrhe, douleurs intestinales, diphtérie, maladies de poitrine.

A l’extérieur, il servait de baume sur les blessures, les brûlures, les abcès, les ulcères, avec d’autres substances contre les sciatiques, douleurs rhumatismales, maux d’yeux, gerçures, crevasses.
Il entrait dans la confection de pommades.

En 2009, un alpiniste qui eut un pied gelé lors d’une expédition, fut soigné à Lyon avec des emplâtres de miel. Ses plaies se refermèrent avec des résultats bien meilleurs qu’avec des produits pharmaceutiques conventionnels utilisés pour de telles lésions.

Médecine vétérinaire

Pour soigner le bétail, le miel mélangé à de la farine, servait contre la fièvre aphteuse, les rhumes, les blessures, la gourme. Mélangé à de la graisse de porc, il guérissait les maux d’yeux du bétail.

Cire, miel, huile de lin et térébenthine en mélange servait, sans en abuser, à l’entretien de la souplesse de la corne des sabots des chevaux.

Le miel en parfumerie et soins corporels

Il entrait dans la composition de crèmes de beauté mais aussi dans la composition de pâtes pour blanchir les mains, de savons, de baume contre les tâches de rousseur, de pommade pour les soins capillaires.

Faire fondre 250 g. de sel de cuisine et 100 g de carbonate de soude dans un litre d’eau et verser le tout dans le bain en agitant bien. D’autre part, dissoudre 1 kg de miel dans 3 litres de lait que vous ajoutez au bain.

Celui-ci a la propriété de bien nettoyer, d’assouplir la peau et de lui donner éclat et fraîcheur.

Le miel dans l’histoire

Agesipolis I fut emporté par une fièvre dans la ville d’Aphytis, est immergé dans du miel et ramené à Lacédémone pour y être enterré.

Agésilas II est également embaumé dans du miel et selon Plutarque, par manque de celui-ci, on coula de la cire sur son corps.

Aristobule, ami de César fut empoisonné par les partisans de Pompée à Rome. Son corps y demeura assez longtemps, embaumé dans du miel, jusqu’à ce que Marc-Antoine le fit porter en Judée, pour être enterré dans les tombeaux des rois.

Pour les Romains, le miel avait une très grande importance et la culture des abeilles était pour les propriétaires une source de revenus très appréciable.

La production locale ne suffisant pas, ils étaient obligés d’en faire venir d’Afrique, de Corse, de Crète et de Sicile et ils en imposaient un tribut annuel aux provinces et territoires conquis.

Comme ces miels étaient de qualité supérieure, les apiculteurs romains, selon Varron, vendaient les leurs sous ces appellations. Les miels inférieurs, selon Pline, étaient adoucis avec certaines substances ou fortifiaient différentes sortes de vins.

Les étrennes

Aux premiers temps de Rome, Titus Tatius et Romulus pour mettre fin à leurs combats scellent une alliance par l’échange de branches de verveine coupées dans un bois consacré à la déesse Strenia.

Ce pacte fut renouvelé tous les ans et les dons qui se firent entre habitants prirent le nom de Strenœ et de là le mot « étrennes ».

Tant que la simplicité régna, ces dons consistèrent en fruits et miel puis en se dégradant, les empereurs se firent offrir de l’argent.

Plus tard, bien que l’Eglise condamna ces coutumes et que le nom de la déesse fut oubliée, les pratiques de former des voeux de bonne santé persistèrent… de même que l’échange de cadeaux qui n’ont plus rien à voir avec le miel, symbole de douceur pour la nouvelle année.

Les soldats de Xénophon, alors en retraite, qui mangèrent du miel du Pont en Colchide, furent pris de vertiges, de vomissements ou malades proches de la mort car ils en consommèrent provenant du nectar de rhododendrons.

Selon Strabon, les Heptacomètes du Pont-Euxin, massacrèrent trois cohortes de Pompée en leur offrant du miel empoisonné qui plongea ses hommes dans un état d’abrutissement tel qu’ils furent incapables de se défendre.

Scipion priva un jeune cavalier de sa monture car à l’occasion d’un festin, ce dernier avait confectionné un gâteau au miel à la ressemblance de la ville de Carthage et invité les convives à le faire disparaître. Au jeune romain qui s’étonnait, Scipion lui répondit qu’il n’avait pas à faire disparaître Carthage avant lui!

Diogène Laërce raconte que Carnéade craignait la mort :

Il semble avoir été lâche devant la mort, bien qu’il répéta souvent :  » La nature qui m’a fait saura bien aussi me défaire. » Ayant appris qu’Antipatros s’était suicidé en buvant du poison, il eut d’abord un peu plus de hardiesse en face de la mort, et s’écria : «  Donnez-m’en donc à moi aussi ! » Comme on lui demandait:  » Vous donner quoi ?  » —   » Du vin miellé » , répondit-il !

La légende de Saint-Eucise

Originaire d’une famille pauvre de Dordogne qui, chassée par la famine, émigra dans le Berry où sans succès durent vendre Eucise, un de leurs fils à un abbé du diocèse de Bourges.

Devenu ermite sur les bords du Cher, se nourrissant sobrement et élevant des abeilles, celui-ci guérissait les enfants et les personnes atteintes principalement de la fièvre quarte.

Un homme qui avait été guéri par Eucise remarqua un jour deux vases emplis de miel suspendus à une branche près de l’ermitage et appartenant à un disciple du saint, qu’il convoita.

Avec un complice, il vint donc la nuit pour les dérober et grimpa à l’arbre alors que son compagnon restait au pied pour recevoir les vases. C’est alors que ce dernier aperçut Eucise qui s’approchait.

A sa vue, il s’enfuya sans que son compagnon dans l’arbre s’en aperçoive et ainsi, le voleur donna à Eucise le premier vase qu’il avait décroché.

Lorsqu’il voulut lui passer le second vase, Eucise lui dit que ce n’était pas la peine, qu’il fallait laissé ce miel à celui qui l’avait récolté. Le voleur reconnut alors la voix de son bienfaiteur et se jeta à terre de frayeur. Eucise le releva, le conduisit en sa cellule où il lui fit des remontrances, lui donna un rayon de miel et le renvoya en paix.

D’après « les vies des saints » d’Adrien Baillet.

Le miel dans les mythologies et ses usages religieux

Chez les Celtes

Selon un texte archaïque, Eithne qui représente la féminité au niveau divin, se nourrit exclusivement de lait au goût de miel. Ce dernier est à la base de l’hydromel, boisson d’éternité qui coule à flots dans l’Autre monde.

En Egypte

Les Égyptiens étaient de grands consommateurs de produits de la ruche. Le miel servait d’offrandes dans les tombes et dans l’embaumement des cadavres.
Lors des fêtes en l’honneur de Thot, ils mangeaient les figues et du miel en répétant « Douce est la vérité ».

Dans l’Ancien Empire, le miel semble réservé aux offrandes dans les temples royaux.

Au Moyen Empire l’emploi du miel semble s’être généralisé et les offrandes se sont étendues au domaine des grands personnages.

En Grèce

« Que toujours, ô divin Sophocle, sur ta tombe brillante de lierre de Dionysos étende ses rameaux flexibles et bondissants; que toujours ta tombe soit arrosée par les abeilles de l’Hymette des libations de leur miel, afin qu’une cire éternelle parfume tes tablettes attiques, et que ta tête ne cesse pas d’être parée de couronnes. »

Zeus fut nourri avec du miel à Lyctos dans l’Antre du mont Dicté sur l’île de Crète par une des filles de Mélissée, Mélissa et le lait de la chèvre Amalthée qu’il partageait avec son frère de lait, Pan.

Pour les remercier de ses bienfaits, Zeus plaça Amalthée parmi les étoiles: elle devint la constellation du Capricorne; il emprunta une de ses cornes et la donna aux filles de Mélissée; elle devint la corne d’abondance que son possesseur trouve toujours remplie de tout ce qu’il veut boire et manger.

Selon Diodore de Sicile et Callimaque, ce sont les abeilles qui nourrissaient le dieu de l’Olympe, selon d’autres, une abeille nommée Panacris.

Afin de se libérer de son père Chronos, Zeus, sur la suggestion de Nyx, lui servit du miel, réputé aphrodisiaque et enivrant.

Il possédait un autel près du fleuve Céphise dont la source est sur le Mont Parnasse, « Meilichios », de miel où on implorait sa clémence pour les crimes commis. Un culte était établi sur le mont Hymette en Attique qui donnait un miel de thym réputé.

Zeus et Hermès, sous les traits de mortels demandent partout l’hospitalité ; et partout l’hospitalité leur est refusée. Une seule maison leur offre un asile ; c’était une cabane, humble assemblage de chaume et de roseaux.

Là, vivent Philémon et la pieuse Baucis qui leur serviront un repas qui, au deuxième service, comprendra des noix, des figues mêlées à des dattes, des prunes, des pommes, des grappes de raisin et au milieu, un rayon de miel de miel blanc.

Hermès humecte de miel les lèvres de Dionysos lors de sa naissance hors de la cuisse de son père.

Les Destinées, trois sœurs ailées, femmes et abeilles à la fois, enseignent l’art divinatoire à Apollon. Elles rendent l’oracle de Thries à l’aide de cailloux.

Cependant elles ne livrent la vérité que si le consultant lui offre du miel qui les mettra en transe et les rendra aptes à prédire l’avenir; sinon elles ne raconteront que des mensonges. Apollon offrira cet oracle à Hermès.

Héraklès alors adolescent aurait croisé sur sa route deux femmes, le Vice et la Vertu. Si la première lui fait miroiter une vie pleine de douceur, de nectar, de lait et de miel, la seconde ne lui promet qu’efforts, peine et humilité.

Ceux qui descendaient dans l’antre de Trophonios, à Lébadée en Béotie, pour en connaître l’oracle, devait emporter un gâteau d’orge et de miel.

Des libations de nêphália, mélange de miel et d’eau étaient faites pour se protéger des Euménides.

Lors de la guerre qui opposait Eléens et Arcadiens, Sosipolis, enfant sauveur d’Elis par sa métamorphose en serpent, fut déïfié et un sanctuaire lui fut dédié dans le temple d’Ilithye. Les offrandes consistaient en gâteaux pétris avec du miel et de l’eau.

Lorsque les Argonautes abordent le Caucase et qu’ils pénètrent dans l’embouchure du Phase qui arrose la Colchide, Jason fait des libations de vin mêlé de miel, puis dissimule l’Argo dans une baie abritée et tient un conseil de guerre.

Plus tard, pour conquérir la Toison d’Or, Médée offrit un flacon à Jason, contenant le jus couleur de sang d’un crocus caucasien à deux tiges qui devait le protéger du feu provenant des naseaux des taureaux qu’il devait atteler. Jason accepta avec beaucoup de reconnaissance et après une libation de miel, il enduisit son corps, sa lance et son bouclier de son contenu.

Dans l’île de Circé, Ééa, les compagnons d’Ulysse sont ensorcelés par celle-ci qui leur sert une boisson composée de son vin de Pramnos, de fromage, de farine et de miel vert auquel elle ajoute une drogue pour leur ôter tout souvenir de la patrie.

Lorsqu’Enée aborde Cumes, il consulte la sibylle pour se rendre aux enfers et y rencontrer son père. Enée se procure un rameau d’or, clé des portes infernales et arrive au bord du Styx. Mais Charon refuse d’embarquer Enée, le trouvant trop vivant mais cède devant le rameau d’or. Pour calmer Cerbère qui manifeste sa colère, la sibylle lui donne un gâteau au miel et détourne ainsi son attention.

Porphyre rapporte que dans l’initiation aux Léontiques, on verse sur les mains des mystes non pas de l’eau, mais du miel pour les laver […] En outre, c’est par le miel qu’on purifie la langue de toute faute.

Dans les mystères orphiques, le miel était utilisé comme élément de purification et il était donné aux initiés d’un degré supérieur comme signe d’une vie nouvelle.

A Rome

Liber et Libera couple italique de la fécondité identifié en Bacchus, se rendant de Thrace en Macédoine rencontra un essaim d’insectes alors inconnus. Il les loge dans un tronc d’arbre creux et découvre ainsi que ceux-ci sont les abeilles et le miel, leur produit.

De son thyrse, s’échappe parfaits « un doux miel. »

Vénus lors de son mariage avec Vulcain, avait bu un mélange de lait, de pavot et de miel.

En mémoire de cet événement, le 1er avril, les romaines honoraient la Fortune virile avec de l’encens et en buvant ce même mélange.

Il figurait dans les sacrifices des paysans et de nombreuses déités exigeaient des produits du jardin, des vergers, des moissons, des troupeaux et du rucher et notamment lors les libations miellées destinées à Priape.

Ovide nous dit qu’aux fêtes des dieux, on remarquait des aliments de prix et des vins recherchés ainsi que de délicieux gâteaux au miel. Ceux ci étaient faits de farine , d’huile et de miel et leur nombre égalait les années des promoteurs du sacrifice.

« Présents des dieux », ils étaient aussi dévolus aux dieux domestiques, les pénates; il était nécessaire aux Ambarvales, pour la consécration des champs.

Bacchus, l' »inventeur du miel » exigeait également une certaine quantité de miel.

Toute victime de sacrifice offerte aux dieux était aspergée de lait, de vin et de miel, la célébration des mystères et les obsèques en demandaient également car le miel était associé à la mort.

Le symbolisme du miel

Pour Diogène le Cynique, le miel symbolisait la vie facile que les dieux accordaient aux hommes.

Le miel était le symbole de l’éloquence et l’on dit que les abeilles de l’Hymette déposèrent du miel sur les lèvres de Platon enfant alors endormi, pour annoncer son éloquence future.

Symbole de protection et d’apaisement, des gâteaux de miel étaient offerts par les Athèniens au grand Serpent, animal chthonien, pour qu’il reste dans son antre.

Dans les rites initiatiques

Dans les rites initiatiques, il est le symbole de l’illumination en donnant la lumière et la sagesse véritable en purifiant l’esprit .

Il étend son symbolisme à la connaissance, au savoir, et sa consommation est réservée aux êtres d’exception, dans ce monde comme dans l’autre. Il est le symbole de toutes les douceurs, il réalise l’abolition de la douleur; symbole de la connaissance pour Clément d’Alexandrie, il l’est de la sagesse dans les traditions orphiques.

Il désignera la culture religieuse, la connaissance mystique, les biens spirituels, la révélation à l’initié.

Dans la pensée analytique moderne, le miel, pris comme résultat d’un processus d’élaboration, deviendra le symbole du Moi supérieur, ou Soi, en tant que dernière conséquence du travail intérieur sur soi-même. Résultat d’une transmutation […] le miel symbolise la transformation initiatique, la conversion de l’âme, l’intégration achevée de la personne.

On a fait aussi du miel, le symbole de la mort et du fiel, le symbole de la vie, soit que l’on voulut signifier que la vie de l’âme périt par la volupté et renaît par l’amertume, soit qu’on eut voulut faire entendre que la mort délivre de la douleur et que cette vie est pénible et amère.

Et plus loin, Le miel passant pour purifier, préserver de la corruption naturelle et exciter à la génération par l’attrait du plaisir, est pris à juste titre pour symbole des nymphes Hydriades parce que les eaux auxquelles président celles-ci sont incorruptibles, purificatrices et qu’elles aident à la génération.

En alchimie, la croix est étroitement enlacée de roses et du cœur, sourd une source sacrée.

La rose blanche et la rose rouge sont les noms que l’on donne à la teinture lunaire et à la teinture solaire d’où s’échappe le « précieux sang couleur de rose » du Christ-Lapis.

L’image de la rose englobe le reflet de la sagesse divine sur terre, et la « récolte du miel » symbolise la recherche en commun du savoir théo-sophique. « Et voici qu’enfin la parabole du Cantique des cantiques de Salomon peut se rapporter tout entière à l’objet de notre Rose-Croix […]: « Je suis une rose de Saron, le lys des vallées. »

Dans la Bible

Dans la Bible, le miel, avec le lait, symbolise la douceur, sens généralement donné, et la richesse, c’est à dire la fertilité de la Terre promise.

Il est rapporté que le patriarche Jacob envoya parmi les présents, du miel à l' »homme » en Egypte. Selon les commentateurs, le miel -D’basch- mentionné dans ce passage n’était pas du miel mais un succédané, du jus de raisin épaissi appelé dibs.

Un écrivain juif qui vivait au temps de la reconstruction de temple de Jérusalem, compte le miel parmi les choses nécessaires à la vie.

Dieu défendait qu’on lui fit des sacrifices à base de miel.

  • Le peuple élu pourra même sucer le miel de la pierre.
  • Quand Dieu, au sixième jour, donne aux Israélites de la nourriture pour deux jours, ils l’appellent manne et lui trouvent le goût d’un gâteau au miel.
  • Quand Jonathan affaibli par la fatigue et la faim eut mangé du miel, sa vue s’éclaircit.
  • Mon fils mange du miel, car il est bon; un rayon de miel sera doux à ton palais.
  • Jean-Baptiste dans le désert se nourrit de sauterelles et de miel.

Dans le christianisme

Jésus ressuscité apparaît aux apôtres réunis. Pour les convaincre car ils ne croyaient point encore, et qu’ils étaient dans l’étonnement, Jésus leur dit: « Avez-vous ici quelque chose à manger? » Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel.

Selon le Pseudo-Denys l’Aréopagite, les enseignements de Dieu sont comparables au miel pour leur propriété de purifier et de conserver.

Au début de l’ère chrétienne et jusqu’au VIIe siècle, le miel fut associé à l’eucharistie.

Dans « Emblemata sacra » de Daniel Cramer le miel symbolise la vie douce que le chrétien obtient après l’initiation christique; il en est de même dans « Le Pourtraict des sainctes Vertus »

Dans les contes

Dans un conte roumain, l’abeille est identifiée au Christ: Quand Dieu eut créé tous les animaux, il les rassembla pour les bénir et leur donner leurs règles de vie. L’abeille vint aussi, fatiguée et blessée par la longueur du chemin.

En récompense de son obéissance, Dieu décida que son sang et sa sueur deviendraient du miel et que sa future cire brûlerait dans les saintes églises.
On dit en Catalogne , que la nuit où Jésus naquit il y eut une grande pluie de miel et que tous les ans, ce même jour, il règne sur la terre une grande douceur.

Et dans un autre récit, le Christ demande aux abeilles, nées de ses larmes, de faire le miel pour adoucir la vie misérable et basse des hommes.

Dans les rêves

Chez les riches, boire du vin miellée est un bon signe car ce rêve indique que la vie luxueuse va se poursuivre; chez les pauvres où cette boisson est rare, il serait un mauvais signe où obligé d’en boire en cas, par exemple, de maladie.

Un homme rêva qu’il mangeait du pain en le trempant dans du miel. Par ses discours et son éloquence, le miel, il gagna sa vie, le pain.

Pindare s’adonna à la poésie pour avoir vu en songe sa bouche pleine de miel et de cire. Enfant fragile, il fut nourri de miel.

Douceur et amertume

La devise la plus illustrée est sûrement celle qui allie la douceur du miel et la douleur des piqûres d’abeilles comparée à la douceur de l’amour pouvant devenir amertume.

Selon les éditions de l’œuvre d’Andrea Alciato, cette devises fut différemment illustrée et même dupliquée avec une fable inspirée des écrits de Théocrite.

Sous l’Antiquité

Sous l’Antiquité, le miel remplaçait le sucre d’aujourd’hui bien que certains auteurs affirment que le sucre de canne pouvait être apporté des régions d’Asie d’où il est originaire.

Le sucre

Le premier auteur a en avoir parlé est Albert d’Aix qui raconte que durant la première croisade, près de Tripoli en Syrie, les soldats arrachèrent des tiges douce d’une canne qui croissait en abondance dans les champs et qui était appelée zucra.

En 1306, époque à laquelle Sanudo composa ses Mystères des Croisés, la canne à sucre n’était pas encore cultivée en Sicile, bien qu’elle le fût sur une grande échelle en Morée et dans les îles de Chypre et de Rhodes.

Un siècle plus tard, elle était très commune en Sicile; L’infant Don Henri du Portugal y trouva des plants qu’il introduisit à Madère. De là et des îles Canaries, elle passa en Amérique où elle fut si propagée que l’Europe l’oublia en achetant le sucre dans ses colonies.

Le miel était rangé comme condiment ordinaire et on en faisait une sorte de moutarde avec la graine broyée de cette plante, de l’huile d’Espagne et du vinaigre; un autre assaisonnement l’omphacomeli était composé de verjus et de miel.

A Rome, le miel était dégusté en entrée et en dessert.

Dans le « Satyricon » il est décrit, lors d’un festin, le premier service où Sur un plateau destiné aux hors-d’œuvre était un petit âne en bronze de Corinthe, portant un bissac qui contenait d’un côté des olives blanches, de l’autre des noires. Sur le dos de l’animal étaient deux plats d’argent sur le bord desquels étaient gravés le nom de Trimalchion et le poids du métal.

Des arceaux en forme de ponts soutenaient des loirs assaisonnés avec du miel et des pavots.

Ensuite l’amphytrion Trimalchion raconte que Le second service se composait d’une tarte froide, arrosée d’un miel d’Espagne chaud et délicieux : aussi je n’ai pas touché à la tarte ; quant au miel, je m’en suis léché les doigts.

Au dessert on présentait des graines de pavot grillées avec du miel et on faisait circuler les dulcia, pâtisseries dont le miel constituait le fond principal ou accessoire.

Athénée le fait figurer sur un menu qu’il tire d’un poème de Philoxène intitulé « Le Banquet ».

Lors des Étrennes, on échangeait des gâteaux à base de miel, augure d’une année pleine de douceurs.

Quelques gâteaux romains: les liba étaient servis au dessert accompagnés de vin miellé; les placentœ, gâteaux sacrés et friandises, les mellitœ, les pyramuntes, les itria, la melicaris, le melipecton, la spira, les enchytus, spœrita, savillum.

Le spuntum servait à dorer les gâteaux.

Avec du miel on faisait des potages, la chrysocolla, l’œnanthe, une pâte dite « de Roses miellées ».